Quand les médecins s'annoncent en faveur de la cigarette électronique

« Son potentiel en terme de santé publique est réel ». C’est en ces termes qu’un plaidoyer effectué par 100 médecins s’annonce en faveur de la cigarette électronique. Et c’est sans détour que ces spécialistes pointent du doigt les « idées fausses qui se font jour et qui en limitent la diffusion » au grand détriment de la santé publique.

Un grand pas vers la démocratisation de l'e-cigarette

Une centaine de médecins de toute spécialité (oncologie, pneumologie, addictologie, cardiologie, tabacologie, et autres) révèlent leurs points de vue quant à la cigarette électronique. Ce plaidoyer dirigé par le tabacologue Philippe Presles et publié dans le Parisien le 15 novembre dernier est destiné à lever les doutes qui planent sur l’utilisation de la cigarette électronique. Mieux, il incite les autres médecins à envisager l’e-cig comme une alternative efficace au tabac, qu’il convient de prescrire à leurs patients. Après que le parlement européen ait accordé la vente libre de la cigarette électronique un mois plus tôt, cette réaction positive de la part des médecins est une nouvelle victoire. Dans tous les cas, elle aura un effet incontestable auprès des fumeurs réticents, gagnés jusqu’alors par l’incertitude quant à l’innocuité de la cigarette électronique. Car même si un démenti a été annoncé après l’étude très controversée menée fin août 2013 et diffusée par le magazine « 60 millions de consommateurs » contre la cigarette électronique, le sentiment de doute qui a régné auprès de milliers de fumeurs ne peut pas être ignoré. Grâce à ce rapport émis par ces 100 médecins en revanche, le statut précaire de la cigarette électronique ainsi que la polémique qui tourne autour de ce sujet ont révolu. Mieux, on associe désormais l’e-cig à une technique qui pourrait « sauver des millions de vies », mises en danger par la cigarette traditionnelle selon les dires du Docteur Robert West, directeur des études sur le tabac au centre Cancer Research UK lors d’une conférence au sommet avec plus de 200 médecins, novembre dernier au Royal Society de Londres.

Le contenu du plaidoyer des 100 médecins

Pour expliquer le fondement de leur conclusion, ces médecins précisent que le danger lié à la cigarette traditionnelle a pour origine la combustion en elle-même du produit. Le fait de « fumer » porte atteinte à la santé des consommateurs et constitue en soi le danger. La fumée est, en effet, composée entre autres de monoxyde de carbone à l’origine de l’infarctus du myocarde chez les fumeurs, et de goudrons ainsi que d’autres particules cancérigènes qui sont responsables de bronchites chroniques obstructives. Et comme on ne fume pas la cigarette électronique, on la « vapote », ces effets indésirables n’ont pas alors lieu chez les vapoteurs. Contrairement à certaines idées reçues, la teneur en substance nicotinique – présente aussi bien dans la cigarette classique que l’e-cigarette – n’est pas non plus dangereuse. Un spécialiste dans les questions de santé publique et de la dépendance au tabac, le Docteur Jacques Le Houezec, explique que cette nocivité de la cigarette électronique est de « 9 à 450 fois plus faible » que dans le tabac. Le « potentiel significatif » de l’e-cigarette décrit par la directrice générale d’Action on Smoking and Health (ASH), Deborah Arnott, repose sur une nocivité amoindrie de celle-ci, de telle sorte qu’elle devient véritablement « un moyen d'arrêter de fumer ». Les 100 médecins signataires du plaidoyer recommandent alors de mettre toujours en avant une comparaison entre la cigarette conventionnelle et l’e-cigarette afin de définir l’effet néfaste s’il y en a de cette dernière. Ainsi s’il est clair que parmi « les patients gravement victimes de leur tabagisme (…) beaucoup mourront ou seront invalides », les dangers liés au vapotage sont par contre « infiniment moindres ». Il en ressort que les doutes qui persistent sur les caractéristiques de la cigarette électronique sont négligeables par rapport à ses effets bénéfiques, sachant qu’elle aide « manifestement de nombreux fumeurs à tourner la page du tabac » et de ses dangers réels. Un autre point à ne pas négliger dans ce plaidoyer et qui pourra faire taire les débats incessants qui sont véhiculés par l’e-cigarette concerne son aspect moins addictif par rapport à d’autres techniques de sevrage, et surtout par rapport au tabac. Aussi, n’y-a-t-il aucun risque à en faire un usage exclusif pour arrêter la cigarette, même si on peut également l’associer avec des patchs et autres traitements. « Nous recommandons à nos confrères de s’informer activement sur la cigarette électronique qui constitue un nouvel enjeu de santé publique dans notre lutte commune contre les maladies du tabagisme », affirment même ces médecins. Cette initiative médicale ouvre enfin sur une classification spécifique de la cigarette électronique. En plus de prendre parti à l’e-cig, ces médecins soutiennent aussi « la position des autorités françaises de ne pas faire de la e-cigarette un médicament exclusif, de manière à laisser la recherche ouverte à tous les industriels potentiellement concernés par la sécurité et l’efficacité de ce produit ». La vente libre de la cigarette électronique reste alors d’actualité pour le plus grand plaisir des vapoteurs.